Le Marchand de visages

Publié le 30 Novembre 2012

Le Marchand de visages
Règle du jeu :
  1. Voici le titre de votre récit : "Le Marchand de visages" ;

  2. Faites une liste de mots associés à ce titre ;

  3. Ecrivez votre récit en utilisant tous les mots de la liste !

Voici plusieurs textes écrits lors de l'atelier.

Incroyable, il y a autant de contes imaginés que d'Ecriteurs !!!

En s’éloignant du bord de l’eau, on entre dans cette rue, à l’abri du soleil, où sèchent sur des fils tendus entre les deux côtés, des toiles colorées, sorties des ateliers des tisserands et nuancées par les artisans teinturiers. Le vent les agite doucement comme d’improbables drapeaux de pays à l’ abri des soucis. On commence à être presque hypnotisé par ces couleurs ondulantes quand, tout à coup, un peu plus basses que les autres surgissent des toiles couvertes de portraits. L’artiste, auteur de ces toiles, est là, dans son atelier regardant passer les promeneurs, tout en captant sur un immense panneau, les visages des gens de la rue. Quand le panneau est complet, il l’accroche au vent de la rue et si quelqu’un reconnaît et veut acheter le portrait de son amoureuse ou de son fils, le peintre simplement le découpe dans la toile.

Alain B.

Quel drôle de nom ! C’est ainsi qu’il s’appelait.
Il avait fait fortune en Californie ces dix dernières années profitant d’une clientèle de plus en plus avide de beauté factice. Il n’avait ni site internet ni publications vantant ses mérites. Tout se passait discrètement, le bouche à oreille fonctionnait plutôt bien. Le principe de parrainage faisait florès car il permettait quelque remise et les rendez- vous se succédaient.
Lorsque Miranda se présenta au « cabinet » qui n’en avait que le nom elle fut reçue par un bel homme en blouse dont le visage était à demi-caché derrière un masque chirurgical. On ne devinait qu’un regard vif et inquisiteur. Il n’y eut guère d’échange, il se contenta de palper son visage et attendit en silence sans la quitter des yeux. Puis il lui tendit un catalogue et lui demanda de faire son choix. Elle découvrit des pages de visages photographiés de face dont les yeux étaient inexistants. Ces orbites vides renvoyaient à des masques funéraires. L’âme avait disparue. Miranda frissonna. L’amie qui l’avait parrainée ne lui avait donné aucun indice, aucune information sur le protocole et son déroulement. De fait, elle en avait interdiction : c’était le deal entre les clientes et le marchand.
Miranda feuilleta tout de même un peu fascinée. Chaque visage était répertorié, référencé comme un vêtement ou tout autre objet de vente en ligne. A la fin du catalogue , défilaient des pièces détachées de visage ,elles aussi référencées. Il suffisait de cocher les sourcils SO2N , le nez NZ 1228R ….et ainsi l’on composait le visage idéalisé. Celui qui ferait de soi LA beauté absolue.
Effrayée , Miranda sollicita un temps de réflexion. Mais ce n’était pas inclus dans le protocole : rencontre signifiait intervention immédiate. Il s’approcha d’elle pour la rassurer et dans le même temps lui administra un sédatif par une seringue plantée dans son dos. Plusieurs heures plus tard sans doute, Miranda se retrouva dans la rue hébétée et épuisée. Elle passa la main sur son visage et sentit des rugosités qui lui arrachèrent un cri alors qu’une douleur fulgurante lui traversa la tempe. Elle avança pas après pas , deux , trois puis s’évanouit.
Un an plus tard , les journaux titraient « 15 ans pour le marchand de visages ». Le faux chirurgien plastique était un simple portraitiste raté qui avait trouvé là ses heures de gloire.

Christine B.

Dans une petite ruelle, j’ai découvert un atelier insolite, un tout petit atelier regorgeant de sculptures empilées les unes sur les autres, de tableaux posés à même le sol, recouverts de poussière et donnant l’étrange sensation d’avoir été abandonnés depuis des siècles.
Un a particulièrement attiré mon attention, il représentait un visage rond, ou plus exactement un visage lunaire et dont le regard mélancolique sur fond ocre, m’interpella.

C’est comme si j’avais découvert enfin ce sentiment diffus de la perte de soi ; un regard indéfini et si fort à la fois, un regard vers l’étrange et l’universalité ; un regard sur le monde auquel le personnage demeurait indifférent.
« C’est celui que je veux », dis-je au marchand de visages et je quittais ce lieu, chargée d’un regard sur l’éternité.

Raymonde

Rédigé par Les mots s'invitent

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