Seau de plénitude

Dans la profondeur du puis, j’allais puiser l’eau, limpide et belle et douce. Le seau ballant, à la recherche d’objets pleins à mettre dedans, sans savoir où aller. Quelque chose capta mon attention, l’horizon avait changé, c’était interloquant, comme si le destin se pointait la nuit sous la forme d’un hibou que bientôt le renard du jour mangerait. Un cycle sans fin mais où la faim m’agrippa dans les entrailles, alors je repris mes forces et mes esprits afin de soulever ce seau qui pendulait à la corde sans sauter. Je suis un poisson hors de sa plénitude et nageant dans son seau. Le sel manque. Le comment et le pourquoi de ces efforts était logique dans l’optique de s’abreuver, nous qui avions le gosier sec. Éphémère est le printemps, c’est le cycle des bourgeons. Partir, rester enfin, le but de la quête est de se retrouver, ici, ou ailleurs, ici peut-être après tout, auprès de soi avant tout. Je n’avais plus peur, ce sentiment s’était évanoui avec les effluves des premières brises pourtant l’arôme des fleurs, des sourires et du mais jaune tournesol… Je suis un poisson hors du seau, de la plénitude plein les écailles. Comme la tortue, positive, représentant la terre, création, animal mystique s’il en est. Plastique jamais. Les ondes suffisent. La mer est lisse et le soleil s’étire avant de bailler sans gêne. Détente exemplaire de mes muscles facies, comme quoi, mon assoupissement n’était le reflet de mon contentement. Sans sel pas de flottaison. La vie, enfin ses sons comme des sursauts d’événements, se réveillait dans la lucidité d’un rêve réel mais oublié, comme si j’avais oublié mon bonheur, alors qu’il suffit d’un rien. Un seau rempli à rebord, voilà le fruit de mes efforts.

Anne-Charlotte